Le monde vit des transformations accélérées. Y a-t-il, à votre avis, une façon de se préparer
à un tremblement de terre ou à une catastrophe naturelle ?
Je crois qu’en Occident il ne faudrait jamais perdre de vue que nous sommes, globalement parlant, extrêmement privilégiés… mais que nos privilèges,
notre confort et nos sécurités ne sont aucunement des acquis immuables. Je veux dire que ce que la Vie nous donne avec générosité, elle peut tout aussi bien nous le reprendre d’une heure à
l’autre sans que nous puissions dire quoi que ce soit.
Ce qui est donné comme ce qui est repris est la résultante d’un ordre des choses qui nous échappe. Il ne s’agit pas de résonner en termes de punitions
ou de récompenses émanant du monde divin ni d’entrer dans des considérations karmiques dualistes mais plutôt de tenter d’accepter le fait que tout se passe toujours selon des lois
d’équilibre dont la finalité a un but constructif même si elle nous échappe généralement.
Peut-on se préparer à affronter des transformations brutales ? Certainement. En fait, la maîtrise de soi et la floraison d’un regard
d’altitude sont le but de tout travail spirituel. La quête spirituelle n’aurait pas grand sens en elle-même si son objectif n’était pas de faire mûrir l’âme… non pas par la connaissance
et le maniement de belles théories mais par une aptitude sans cesse plus grande à savoir affronter les épreuves de croissance placées sur son chemin. Ainsi, la maturité d’un être ne
se mesure pas par l’accumulation d’un savoir mais par le développement d’une sagesse solidement incarnée.
Pour cultiver une telle sagesse, il ne me semble pas y avoir de voie plus sûre qu’une autre.
C’est tout, à travers la multitude de nos existences, qui concourt à labourer notre âme afin de la rendre plus forte. Essayons donc de regarder nos
difficultés non pas comme des punitions ou des manifestations d’injustice mais comme des enseignements qui nous sont envoyés par la prodigieuse Intelligence de la Vie.
N’oublions pas que le Divin voyage incognito à travers tout ce que nous rencontrons…
Daniel Meurois