Suis-je conscient de ce que signifie cette phrase ? S’agit-il de Jésus né il y a 2010 ans ou bien d’une naissance qui a lieu encore aujourd’hui ? Assister à la messe, prier, suivre des cours bibliques, aider les pauvres, évangéliser, sans que le Christ soit né en moi, à quoi cela sert-il ? A devenir plus humain ? C’est déjà bien, il faut continuer !
Mais penses–tu que c’est seulement cela que signifie la naissance du « divin enfant » ?
La naissance de Jésus peut être une belle histoire qui a émerveillé mon enfance. Je peux dire « Je crois en Dieu », mais si je suis toujours prisonnier, entravé, blessé, malade, « le divin enfant » n’est pas né en moi, je ne suis pas délivré, je ne suis pas libre.
Cet enfant dont le nom « Jésus » signifie « Dieu libère » est-il né en moi ? Suis-je libéré ?
La vocation de Jésus est de faire de chacun de nous un être libéré. C’est uniquement en étant libéré que tu peux libérer les autres. Mais, toi, le veux-tu vraiment ? De quoi as-tu peur ? D’être libre ? En effet, si tu es libre, que vas-tu faire de ta liberté ?
Nous sommes tous prisonniers, entravés, blessés, malades, c’est notre partie humaine. Nous n’avons pas envie de changer parce que notre prison nous la connaissons.
Jésus, propose de me libérer, mais pour cela il faut que j’accepte d’aller vers l’inconnu, d’aller vers la partie divine de mon être. Est-ce que moi j’en ai envie ? Cette libération n’est pas magique, n’est pas facile, parce que je suis ancré dans mes certitudes invérifiées.
Est-ce que j'ai envie d'être libre?
Jésus ne nous dit pas « heureux celui qui mange du foie gras sur la terre »,
mais « heureux celui qui mange la nourriture qui vient du ciel ! » [1]
Jésus se nourrit, de la Lumière, la Lumière vit en lui, parle en lui, agit en lui. C’est cela qui lui permt de dire « Je suis la lumière du monde.
Quel est le dieu qui vit, parle et agit en toi ? Est-ce la peur, l’argent, une divinité qui veut qu'on l'adore ou la vérité qui rend libre ? Jésus ne nous apprend pas à gérer notre humanité, Jésus nous fait grandir dans une dimension vivante qui nous rend plus conscient.
Jésus n’enseigne pas une doctrine invérifiable. Jésus nous montre l’action de l’Amour désintéressé. Son enseignement transmet sa propre expérience. Jésus nous enseigne la pédagogie de l’Amour authentique.
Parles d’amour à un chien ou à un chat, il ne va rien comprendre. Caresses-le, nourris-le, occupes-toi de lui, il va comprendre qu’il est aimé. Parce que cet amour est vécu, basé sur du réel. L’Amour ne s'enseigne pas avec des mots, il se vit. C’est ce que fait Jésus.
Je deviens disciple de Jésus en mettant en pratique ce qu’il enseigne.
Je comprends son enseignement à partir du moment où j’en fais l’expérience.
Et toi, de quoi fais-tu l’expérience ? Que portes-tu dans ta vie ? La réflexion d’un autre, l’espérance en une divinité vivant dans ton imaginaire ou la pratique de l’enseignement de Jésus ?
Seul ton vécu exprime le réel. Seule, la pratique d’un enseignement révèle le maître.
Jésus s'expérimente, se vit. Quand je mets en pratique l’enseignement de Jésus, le « divin enfant » commence à vivre en moi En écoutant un enseignement religieux, je me fais une opinion virtuelle, basée sur la pensée d’un autre. Si sa pensée est juste tant mieux, si c’est un aveugle qui me guide…
En pratiquant la pédagogie de Jésus, je deviens son disciple. Je sais, par expérience, si son enseignement est juste ou non, je ne me raconte pas d’histoire.
Une théologie sur le chocolat peut parler du chocolat pendant des heures. Les livres et les enseignements me donnent une vague idée du chocolat. Je sais que c’est noir, dur, amer, mais le charbon est aussi noir, dur, amer. En mangeant du chocolat, je sais le goût qu’il a. Je prends vraiment conscience de ce qu’est le chocolat et personne ne me fera avaler un morceau de charbon parce que je connais son goût. Par les mots, le charbon peut ressembler à du chocolat, pas par le goût.
« Qui mange ma chair... » En mangeant Jésus, C’est-à-dire en le goûtant, en me nourrissant de son enseignement, sa vie devient chair en moi. Je sais le goût qu’il a. Je ne suis plus face à une abstraction d'un Dieu improbable, mais j'ai une connaissance (naître avec) vivante, et vraie.
Jésus m’ouvre le chemin d’un autre monde…
… à condition de laisser naître le « divin enfant » en moi.
Pascal Cadart