Pendant les vacances nous ne faisons rien. Pourtant, nous mangeons, dormons, respirons, nous nous amusons. Et d’une certaine manière, nous sommes dans le non-agir. Nous verrons pourquoi plus loin. Le Tao parle du non-agir comme l’eau qui s’écoule d’une montagne vers la mer. L’eau n’agit pas, elle est agit, c’est la gravité et sa fluidité qui font que l’eau s’écoule du haut vers le bas et c’est le même non-agir qui va faire que l’eau va s’évaporer pour former des nuages et ensuite retomber en pluie.
Quand nous agissons, nous pouvons agir de trois manières. Aller contre le sens du courant, se laisser aller avec le courant ou aller dans le sens du courant.
- Je vais à contre-courant, je suis obligé de lutter pour résister, c’est ce que nous faisons depuis des siècles. Résistance.
- Je me laisse ballotter par le courant, je n’ai aucune marge de manœuvre et je peux me retrouver sur le bord du cours d’eau. Inertie.
- Je vais dans le sens du courant, c’est comme si je surfais sur la vague. Je vais à la fois dans le sens de la moindre résistance tout en gardant la maîtrise de mon évolution. Evolution.
Le non-agir n’est pas l’absence d’action, ce n’est pas l’inaction, la fainéantise ou la lâcheté. D’ailleurs, il n’y a pas de fainéant, ni de lâche, simplement des personnes dans l’incapacité de mieux faire. Non-agir, c’est lâcher prise, faire confiance dans la vie, confiance dans sa propre valeur d’individu relié à la Source. Je ne lutte pas, je n’interviens pas d’aucune manière, physique ou moyen de pression, je m’unis au flux du courant. Je ne me soucie pas des apparences.
Pour donner un exemple. Avec ma femme, nous avons pris le train un jour de grève pour aller d’Amiens à Annecy. Tout s’est bien passé, sauf au moment où nous avons dû prendre le bus de remplacement pour aller de Lyon à Annecy. Un bus tout neuf, qui ne voulait pas démarrer. Un employé nous dit qu’il reste quelques places dans un autre car qui va aussi à Annecy en faisant un petit détour. Ma femme va au car pour prendre une place pendant que je sors les bagages de la soute. (contre-courant). Tout se passe bien, sauf que nous avons laissé nos vêtements dont mon blouson avec mes papiers dans le porte bagage du premier car.
Explication : Nous décidons de partir malgré la grève en se disant que tout va se passer merveilleusement. Ce qui s’est passé. Presque personne dans les trains qui circulent. La seule difficulté étant que le car nous faisait arriver une heure plus tard que le train. C’est le pouvoir de l’Esprit qui agit. Panne du bus, nous reprenons le pouvoir (agir vite et égoïstement pour avoir une place dans l’autre bus.). Si nous étions restés dans le bus en panne, nous serions arrivés plus tôt à Annecy, avec toutes nos affaires. (Un car de dépannage est arrivé) Ensuite j’ai demandé à l’Esprit de bénir cette situation. Le chauffeur du bus s’est mis en quatre pour récupérer nos affaires qui ont été ensuite déposées aux objets trouvés de la gare d’Annecy. Bien sûr, il y a action, nos affaires ne sont pas arrivées de manière magique aux objets trouvés. La non-action consiste à demander à l’Esprit-Source de résoudre le problème à notre place. Ce qui n’a pas empêché le stress au moment où je me suis rendu compte de l’oubli. Stress qui n’a pas duré puisque le chauffeur a dit qu’il s’occupait de tout, ce qu’il a fait. Le non-agir signifie aussi de ne pas s’inquiéter.
Le non-agir n’est pas l’absence d’action, mais l’action qui se règle de manière adéquate, adaptée à la situation du moment. L’action s’accomplit de manière juste et trouve elle-même la meilleure solution pour éviter les blocages de notre esprit conditionné par notre éducation.et nos habitudes. Ce qui fait que nous sommes tout de même appelés à prendre des décisions, mais que ces décisions ne doivent pas être prises de manière égoïste au niveau de la conscience ordinaire. Nous devons ouvrir notre conscience à notre réalité supérieure, l’Ame-Source, et à ce moment là, nous avançons dans le sens du courant.
A chaque instant nous avons des choix. Notre monde est rempli de paradoxes. Par exemple, nous voulons gagner plus d’argent tout en achetant moins cher ce dont nous avons besoin. Si je vends moins cher, je suis obligé de moins payer mes salariés, de licencier ou d’acheter moins cher à l’étranger. Nous sommes conditionnés à acheter, n’importe quoi. Nous croyons que nous n’avons pas le choix. En effet, cela est vrai si nous ne sommes pas reliés à notre être intérieur.
Aller dans le sens du courant c’est suivre sa nature profonde, se relier à l’être intérieur, celui en nous qui sait, qu’importe le nom que vous lui donnez. Sachez que quand vous parlez à Dieu, à un ange ou autre, c’est d’abord à vous même que vous parlez. Notre guide intérieur, quel que soit le nom que je lui donne, sait ce qui est bon pour moi. C’est lui qui nous fait avancer dans le sens du courant, avec le courant. Pour les adeptes du libre-arbitre, mon action est plus bénéfique quand je vais dans le sens du courant. Le sens du courant est le sens de l’amour désintéressé. La violence, l’ambition, l’orgueil vont à contre courant. Je lutte, je m’impose pour réussir. Ne rien faire provoque l’inertie qui se laisse ballotter par les courants dominants.
Le non-agir, c’est s’ouvrir à une conscience plus grande qui sait ce qui est bon pour nous. Je retrouve le contact avec l’authenticité de mon être. Je n’agis pas de moi-même, je suis agi de l’intérieur. Je ne juge plus, donc je ne condamne plus. C’est un peu ce que nous faisons quand nous sommes en vacances, nous sommes plus naturels, plus disponibles et nous vivons beaucoup le moment présent.
Notre monde nous incite à l’action, à la performance, à la production. Nous en voyons les résultats.
Celui qui fait le travail qu’il aime ne travaille pas puisqu’il fait ce qu’il aime. Aimer c’est aussi non-agir. J’ai travaillé avec d’anciens sans-abri. Imposez-leur de faire quelque chose, ils refusent. Montrez-leur que vous les aimez tel qu’ils sont. Ils vont faire ce qu’ils refusaient la veille.
Aimer, faire confiance, c’est le non-agir qui agit.
Quelqu’un l’avait démontré, il y a 2000 ans…