Dans un bidonville de Nairobi, ils ont refusé la fatalité
Un blogueur nous raconte les trésors d'ingéniosité que déploient les habitants d'un bidonville pour transformer leur lopin de terre en ferme bio.
Ce billet a été publié sur "Afrigadget", un blog tenu par Erik Hersman.
Kibera, le plus grand bidonville d'Afrique, vu de l'espace
On a tous vu des images, comme celles-ci, d'Africains vivant dans des conditions catastrophiques, en plein désespoir. C'est effectivement le quotidien des habitants de Kibera, à Nairobi, mais de toute cette folie jaillit parfois une note d'espoir.
Un égout en plein milieu du chemin
J'ai découvert des innovations incroyables à Kibera. Elles montrent que les gens savent s'adapter et tirer au mieux parti de leur environnement. Pour contourner des ressources insuffisantes en terrain, en énergie, en eau et en nourriture, les habitants ont trouvé de nouveaux moyens de survivre. Ici, je ne parlerai que de leur techniques d'agriculture.
L'agriculture verticale
Par exemple cet homme, avec son potager vertical. Il nourrit sa famille et arrive même à vendre certains de ses produits. Une variante des potagers en "trou de serrure" du Botswana qu'avait décrit JKE.
Ou comme les potagers en "trou de serrure" du Swaziland, où les gens arrivent à faire pousser des fruits et légumes malgré un climat très sec. Grâce à cette technique, on peut alimenter une famille avec un minuscule morceau de terre.
De la terre sous les ordures
Sur son blog, Green Dreams, une entreprise d'agriculture locale, explique comment on peut transformer une décharge publique en ferme biologique.
Avec un groupe d'anciens prisonniers, cette société travaille à la transformation des ordures en engrais naturels et des décharges en fermes biologiques.
Avant le nettoyage.
Nettoyage des ordures en vue de l'installation agricole.
Installation du système d'irrigation.
Le système d'irrigation draine les eaux et apporte des nutriments provenant d'engrais biologiques, issus d'ordures ou produits par des vers. Eh oui, ils font de la vermiculture ! [culture artificielle des vers de terre qui, en produisant une substance proche de l'humus, améliorent la qualité de la terre].
La ferme des vers de terre : des bacs, avec des déchets de cuisine, qui servent à nourrir les vers qui ensuite produisent de l'engrais biologique liquide.
En même temps que l'on plante les pousses, les déchets sont empaquetés dans des tissus et plantés avec des citrouilles pour éviter l'érosion du sol.
Regardez un peu ce matériel : des tuyaux en PVC avec lesquels les fermiers plantent les graines dans des trous parfaitement creusés !
Un épouvantail.
Voici la ferme biologique de Kibera, trois mois après le début des travaux dans la décharge.
Après trois mois, cette communauté de 30 familles récoltait, mangeait et revendait ses produits biologiques. Miam ! Impossible de ne pas voir que cette décharge est devenue "verte". Maintenant, tout le monde veut sa ferme bio à Kibera, et ce groupe vend aujourd'hui son expertise, ce qui lui permet de récolter des fonds pour aider d'autres personnes.
J'ai aussi découvert un feu fumant où des feuilles de bananes sont réduites en cendres. Ensuite ces cendres, dissoutes dans de l'eau et transformées en solution astringente, sont mises dans des bouteilles de vodka et vendues 50 Ksh, soit 80 dollars (60 euros), les 250 ml. Cette solution est un attendrisseur de haricots qui permet de réduire le temps de cuisson des haricots rouges de moitié. Imaginez les économies de charbon ou de fuel !
Un distributeur de fuel protégé
Le kérosène est distribué par une pompe à pétrole installée dans une cage, pour des questions de sécurité.
Remarquez qu'il n'y a aucune protection autour de la ferme, ni autour du matériel. Apparemment, la réputation des prisonniers suffit à dissuader les voleurs.
Les enfants de Kibera
La vie est dure à Kibera, mais pourtant, en passant par ici, vous voyez forcément le dynamisme, les couleurs et la fraternité parmi les habitants.
Ici, j'ai vraiment eu le sentiment que les gens aimaient la vie.
Ce qui est étonnant c'est que je venais juste d'écrire le message suivant avant de recevoir ce témoignage.
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Une amie me posait cette question:
« quand je vois tous ces enfants en Amazonie marcher pieds-nus
pour trouver de la nourriture dans les décharges,
que pouvons-nous-faire ?
http://co-naitre.blogspot.fr/2012/06/je-change-mon-etat-desprit.html