Pierre Pradervand
Dans un monde qui parfois semble être en train de tomber en morceaux, si on le regarde sous un angle purement extérieur et matériel, un des signes les plus réconfortants et pleins d’espoir est ce sentiment croissant de l’unité de toutes choses ressenti par des millions, voire des dizaines de millions de personnes, si ce n’est plus. Ceci s’accompagne de l’apparence de plus en plus d’enseignements non dualistes dans la ligne des grands maîtres de l’Un du siècle passé comme Ramana Maharshi en Orient ou Joel Goldsmith en Ocident. Ce mouvement a été fortement accéléré par le développement d’internet et d’autres formes de communication instantanée sans frontières. Et même les grandes religions, dont certaines, dans un passé encore récent, guerroyaient encore entre elles, se rapprochent de plus en plus comme en témoigne une institution comme le Parlement des Mondial des Religions l’illustre.
Ce sens croissant de l’unité de toutes choses s’étend bien au-delà de la famille humaine pour inclure dans son étreinte le monde animal et l’environnement. Des expériences fascinantes dans le domaine de la communication avec les animaux nous enseignent que, contrairement à ce qu’affirme une croyance quasi archaïque mais encore bien vivante, les animaux ont une conscience. Ceci pourrait même s’étendre au monde naturel (plantes), being que ceci impliquerait sans doute une redéfinition du mot conscience.
Ce sentiment croissant de l’Un est particulièrement visible sur la scène humaine. Mon voisin n’est plus simplement mon voisin géographique mais n’importe quel être humain sur la planète, que ce soit un Bushman du Kalahari ou un condamné à mort du Texas. Je fus fasciné il y a quelques années de découvrir une ancienne version araméenne (la langue parlée par Jésus) qui, au lieu de la traditionnelle version dualiste du Second Commandement, («Aime ton prochain comme toi-même») disait: «Ton prochain EST toi-même». Cela change tout. Cela constitue le démantèlement le plus radical concevable de tout sentiment de séparation – spécialement si on inclut les animaux et l’environnement dans le terme «voisin», comme le suggère Joel Goldsmith. Ma pratique de la bénédiction est complètement mise au défi et enrichie quand dans le bus, en regardant quelqu’un, j’affirme en silence «Je te bénis (p.ex.) dans ton unité avec ta Source divine, car tu es moi et je suis toi».
Cette spiritualité non dualiste d’aujourd’hui est nécessairement orientée vers le service. Si mon voisin est moi-même, je ne peux simplement affirmer ceci devant mon autel personnel dans le silence de ma chambre et laisser les choses là. Si une telle spiritualité se veut significative, elle sera nécessairement concernée par une forme ou une autre de service au monde. Mais ce service ne signifie pas nécessairement s’affairer en faisant des choses dans la société. Cela peut aussi signifier être en prière profonde pour le monde dans sa chambre, comme un guérisseur spirituel, dont je connais l’exemple, qui prenait plus de cent appels téléphoniques par jour de la part de personnes voulant être guéries et dont la plupart se teminaient par une guérison. Mais cela implique nécessairement est un cœur débordant à ce point de compassion qu’il embrasse le monde entier pour le bénir et le guérir.
Et là, je suis encore en première primaire.